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TRIBUNE. La douane prend toute sa part à Marseille, ville frontière

  • Rédaction
  • 2 oct.
  • 3 min de lecture
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Michael Lachaux, Directeur régional des douanes


À l’heure où le commerce international et les chaînes de valeur connaissent de fortes tensions géopolitiques et des bouleversements logistiques majeurs, la douane de Marseille s’adapte et s’affirme comme un acteur central de la défense économique et de la compétitivité des entreprises du territoire.

Forte de ses 400 agents, engagés sur les trois grandes plateformes logistiques du département, elle est au cœur des flux commerciaux qui irriguent les Bouches-du-Rhône et bien au-delà. Ceux-ci représentent 17,8 milliards d’euros d’exportations et 38,4 milliards d’euros d’importations sur un an, soit plus des deux tiers du commerce extérieur régional.


Les bassins Est et Ouest du Grand Port Maritime de Marseille, deuxième espace portuaire de France pour le trafic conteneurisé et porte d’entrée d’hydrocarbures, connectent 500 destinations mondiales et accueillent 4 millions de passagers par an, ferrys et croisiéristes. L’Aéroport Marseille Provence, quatrième plateforme aérienne française avec 11 millions de passagers, confirme quant à lui sa première position régionale sur le fret, après Paris-Charles-de-Gaulle et Orly.


Résultat, dans les Bouches du Rhône, la douane traite plus de 90 % des opérations douanières de la région Sud, réalise plusieurs milliers de contrôles et fait face à l’afflux de plus de 1,1 million de petits colis en provenance ou en partance pour le monde entier.

La douane marseillaise ne se limite pas aux contrôles, elle est aussi un partenaire stratégique pour les entreprises engagées à l’international et plus encore en cette période  trouble. Grâce à un accompagnement personnalisé, des événements thématiques, des procédures adaptées et des entretiens réguliers, elle aide les TPE/PME/ETI à sécuriser leurs démarches douanières à l’import et à l’export. Les grands groupes ayant un interlocuteur unique national, situé à Aix-en-Provence.


Autorité d’application des mesures d’embargo à l’export, de mise en œuvre des sanctions internationales adoptées contre la Russie ou encore de la réglementation relative aux biens à double usage, civil et militaire, « l’export control » et plus largement la fonction douanière exercée au sein des entreprises ont pris récemment un tournant stratégique. La douane de Marseille en a conscience et accompagne les entreprises pour devenir une véritable administration de sécurisation de leurs opérations.

Par ses conseils, ses procédures et, si nécessaire, l’appui du réseau d’attachés douaniers à l’étranger, elle aide aussi les entreprises françaises à tirer parti des accords commerciaux préférentiels, souvent complexes à mettre en œuvre, et à réduire ainsi leurs coûts de passage de la frontière (droits de douane essentiellement).


L’accompagnement économique de la douane se matérialise également par la valorisation du savoir-faire français. En attestant, gratuitement et sur demande de l’origine française d’un produit, la douane propose un service accessible à toutes les entreprises, afin de leur permettre d’apposer en toute sécurité leur label « Fabriqué en France » et ainsi de conquérir de nouveaux marchés, dans l’hexagone ou à l’étranger.

Toutes ces actions s’inscrivent aussi dans un cadre partenarial avec les institutions locales (Région Sud, CCI International et CCI AMP, CCEF, APEX, MEDEF, etc.) impliquées dans la valorisation de l’économie française.


Dans le département, près de 120 entreprises se sont quant à elles engagées dans une démarche formalisée de sécurisation de leur chaîne logistique en sollicitant le statut douanier d’Opérateur Économique Agréé (OEA), véritable label de confiance en France et à l’international. Ce statut permet d’obtenir des avantages douaniers en contrepartie d’audits physiques réalisés dans les entreprises.

Dans un contexte par ailleurs marqué par une complexité réglementaire croissante — plus de 370 normes s’appliquent aux marchandises importées, du mécanisme d’ajustement carbone aux frontières aux réglementations sanitaires, la douane s’engage à rester une administration de proximité, essentielle pour préserver la compétitivité des entreprises locales.


Par son positionnement, la douane de Marseille illustre les transformations en cours au niveau national et européen. L’intégration de nouveaux outils numériques douaniers, la réforme de l’Union douanière européenne et l’explosion de l’e-commerce nous obligent à inventer de nouvelles méthodes de travail.

Si Marseille est une porte d’entrée du commerce mondial, elle est aussi une cible privilégiée pour les organisations criminelles. Cocaïne, drogues de synthèse, tabac, contrefaçons, espèces protégées, les saisies témoignent de l’ampleur des enjeux. En 2024, 419 kilos de stupéfiants, 10,7 tonnes de tabac et près de 250 000 articles contrefaits ont été interceptés. Des chiffres déjà en hausse en 2025 dans plusieurs secteurs.


La lutte contre ces trafics protège non seulement la santé publique et les consommateurs, mais aussi le tissu économique local, durement concurrencé ou menacé par ces marchés parallèles.

Dans une période de fortes incertitudes mondiales et en tant que ville frontière, Marseille, est un point névralgique où se joue une partie de la souveraineté économique française. Dans cette bataille, la douane prend sa part et s’affirme de plus en plus comme une arme de politique économique, au service de la compétitivité et de la sécurité.


Michael Lachaux,

Directeur régional des douanes

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